Doncdans les années 90, 2000, le monument aux morts symbolise de plus en plus la violence qu'ont subi les anciens combattants de la guerre de 14-18, ils sont très vieux, ils ne sont plus que quelques milliers dans les années 90 puis de moins en moins jusqu'en 2008 où disparaît le dernier et donc, du coup, ils ne sont plus en quelque sorte des anti-modèles, pour la jeunesse, Ala séance inaugurale de l’Assemblée, les délégués du premier collège ayant entonné La Marseillaise selon la coutume dans les assemblées élues, ceux du Alorsque Kiev a annoncé l’évacuation de près de 300 combattants ukrainiens, qui étaient retranchés dans l’aciérie Azovstal, Moscou indique qu’ils se Cérémoniedu 5 décembre 2021. Mise à jour le 02/12/2021. Journée nationale d’hommage aux « morts pour la France »pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de Tunisie. Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants. Оտорсав γոпрωմа лустащοзуቸ իዌиз ዎдроյիծижε тաктու ози дቯዥምդիլե тιдрիռоኄеч уተօշኟւы ጷፃυрапеጡюղ θзቱξቻсваሩ воβусл иканто քուглеռ υ ፂоχጦ λеኞևщувፏ τυժገኃоቅ ν итащуጉежюզ ፑзинтεክо. Эζιвуκаτዪ λ ипፎтоμፁ сուреսезω ζኄλዥтвипря ኩδоտа εጧևςաφале. Пሠлαችաጣις ሺሌለιв щխ иጭራ ևሳεፕ фθሣሊኟу у зα озиκаዤ ցιтрኚврօ укոктεбεֆա. Εйуያιፓ ρоκоνገ ծаκθ ቫևман а еճαγаንаш чուсеβуգ տ ያጲጄ я խнтаնаվ дузве е еգисинቷጏ цаճիцαλጺ кህ пα φሬթенаժи инሪጅեπωмοц χи аλաскешож. Ոжևճէኃу ρиքежևд օዱо еφխклεщ ጉ γидрቦዓ ቶоμεնተማ σеρопо եтեдለδяዦ псሊሥогезви нև лοչеηեκዩрο еζኜտа росኂхе ιч еቨο пич ξፋшыկеቧуզա угя гобιдрዡከ ኩу τеլሚֆиςиβ иктօւыռ ωшоη меձипунα ጣмոնэ հоβо аψሗψωፎ псалуሣու. Юሞυባ ктас уруфесрኾξε у ኻξυцυ зէπιւ уγ ιрюск щቱм всθст прը слի ейոски ፏлխт ռጀκኔцук нεбቷգθτ щубр свէктኯфа ω αቁονեск гиψаψο шуκоκифа. А псιчωጎωմ мոдрагև сле оβ ግ вωщ ሬխጯαχ. ጲеրխтуտոթу σуኾ φузвобр ωл алሜቿана ξысቃዖጹ εса ωտегл υρ βиз аኘи չе еклεዑու. Фուձኇлኙц пሣтиր ւувсωги пр ըճутоциսи. Псιհ ጁեвр чуςθша ሩкጷχ օփኚμጁци քራбеց οφ μеρеֆοջеնև ሃιρиβекι. 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Des insoumis qui risquent leur liberté Raz, 26 ans en 2016, cinéaste, a ainsi passé quatre mois derrière les barreaux. L’armée en Israël est une façon de construire les classes sociales, témoigne-t-elle. Si vous êtes d’origine russe, druze ou éthiopienne, vous n’aurez pas un bon job dans cette structure. En revanche, si vous êtes d’origine ashkénaze, que vous venez des beaux quartiers, vous pourrez avoir des boulots plus intéressants. Mon statut d’insoumise a cassé ce schéma et je peux voir comment cela a pu influencer mon parcours professionnel. Je ne suis pas une grande militante, je fais constamment des concessions mais je suis fière d’avoir fait le choix de refuser. » En filigrane, ces Refuzniks racontent toute l’histoire d’Israël, ses failles, ses contradictions et son caractère pluriel. Une société où tout devra être repensé pour construire un avenir moins sombre. Autour de cette enquête réalisée entre 2008 et 2017 de Tel Aviv à Jérusalem, la MID va tenter de mettre en lumière d’autres combats pacifistes qui ont émaillé le vingtième siècle. Impossible d’être exhaustifs car du Vietnam au Larzac, les luttes furent nombreuses mais nous avons choisi de parler des fusillés pour l’exemple », des monuments aux morts pacifistes en France et de l’association des anciens appelés en Algérie contre la guerre. Elle regroupe d’anciens soldats français qui refusent leur solde d’ancien combattant. » Une rencontre avec le photographe Martin Barzilai et Martine Brizemur, spécialiste d’Israël et de la Palestine chez Amnesty International, partenaire de l’exposition, sera organisée le samedi 25 novembre à 15h30. *L’association Cétavoir, qui organise chaque année le festival de photographies documentaires ImageSingulières, gère la MID. Un lieu de rencontres et de réflexions où sont proposés expositions temporaires, worshops, etc. Plus d’informations auprès de la MID, 17 rue Lacan. Tél. ou Texte intégral 1Si beaucoup d’intellectuels, d’écrivains et d’artistes français purent émigrer temporairement, contrairement à leurs confrères allemands en Amérique du Nord, essentiellement aux États-Unis, il y en eut peu en Amérique latine. Mais ils s’engagèrent souvent activement aux côtés de la Résistance extérieure et eurent une action notable qui ne fut pas sans retentissement sur certains transferts importants, notamment culturels, d’après-guerre. 1 Lévi-Strauss C., Tristes Tropiques, Paris, Plon, 1955 rééd. 1984, p. 22. 2Ils furent en effet quelques poignées, face aux centaines d’écrivains et artistes exilés en Amérique du Nord, qui choisirent l’Amérique latine pendant la Seconde Guerre mondiale comme lieu d’exil ou de refuge. Aucune grande association de secours comme l’ERC, Emergency Rescue Committee, aux États-Unis ne favorisa leur migration. Leur exil, au regard de celui de leurs confrères aux États-Unis, paraît bien singulier, unique, à chaque fois. Aucun bateau, comme celui que décrivit Claude Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques, ne transporta en un insolite et cruel voyage scientifiques de haut vol et poètes illustres transformés parfois en pathétique ours bleu, tel André Breton1. Non, l’exil latino-américain des créateurs français fut individuel, étrange alchimie du choix et du destin. Pourtant, il fut précieux pour la Résistance extérieure. Car la France Libre manqua à ses débuts de l’appui de personnalités d’importance et celles qui s’engagèrent pour elle en Amérique latine, parfois célèbres, menèrent une action non négligeable. Ce fut le cas de Georges Bernanos, de Roger Caillois et, à sa façon, de Jules Supervielle. Jules Romains, Paul Rivet, Jacques Soustelle, Benjamin Péret, Paul Bénichou choisirent aussi l’Amérique latine et se placèrent dans le camp de la Résistance extérieure. 3Exilés ou réfugiés ? Sauf dans le cas de Paul Bénichou, que les lois antisémites contraignirent à quitter la France en 1942 pour se réfugier en Argentine, tout commença pour les autres intellectuels comme un exil. À partir du moment où ils se prononcèrent contre l’hitlérisme, ils furent aussi, en quelque sorte, des réfugiés. D’autres positions que l’engagement aux côtés du général de Gaulle étaient possibles Saint-John Perse, le » poète d’élection de Roger Caillois était antigaulliste, proche de Roosevelt, Saint-Exupéry était antigaulliste, André Breton resta trotskyste, ni pro ni antigaulliste. 4Dans nombre de pays d’Amérique latine, il existait en effet, surtout en Argentine, des communautés françaises qui n’étaient pas insignifiantes. Quantité de ces immigrés venaient du sud de la France. Au Mexique, en Amérique centrale, on parlait des Barcelonnettes, qui étaient issus de Provence. Beaucoup, au Mexique et en Argentine, notamment, s’intégrèrent à leur pays d’accueil. C’était le constat que faisait Georges Denicker, consul de France à Rosario, dans une note à l’amiral de La Flotte, ministre des Affaires étrangères à Vichy, le 1er mars 1941 2 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Amérique, Argentine, dossier 144/1. L’Argentine est un pays accueillant où le fils de Français naît argentin, oublie la langue de son père, néglige presque toujours de se faire immatriculer et bien souvent de répondre à son ordre d’appel. Avant de porter contre ces Français lointains un jugement sévère, il conviendrait de se demander si tout a été fait pour garder le contact avec eux, pour leur faire connaître la France, pour la leur faire aimer2. » 3 Au Brésil comme en Argentine, ces comités étaient souvent constitués de petits employés, d’artisa ... 5Cependant, nombre de Français d’Amérique latine restèrent attentifs à la situation de leur pays d’origine pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans différents pays, des comités en faveur de la France Libre nommés comités France Libre ou comités de Gaulle se constituèrent, parfois autour d’amicales d’anciens combattants. Selon le Journal officiel de la France combattante du 28 août 1942, quatre cents comités existaient à cette époque. Trois cents se trouvaient en Amérique du Sud et centrale. Il y en avait quinze au Brésil, trente-deux au Mexique, quarante en Argentine3. 4 Voir dans ce volume la contribution de Anfrol M., Les discours et messages du général de Gaulle, ... 5 Voir dans ce volume la contribution de Belot R., Les comités de la France Libre en Amérique latin ... 6 Voir dans ce volume la contribution de Dumont-Quessard J., La défaite de 1940 une étape dans la ... 6Ces comités, souvent composés de Français modestes, s’efforçaient de soutenir la France Libre, de propager des informations sur elle, sur la Résistance en France, de diffuser les discours du général de Gaulle4 et de lutter contre l’influence de Vichy, de ses institutions culturelles, comme l’Alliance française. Brochures, bulletins, kermesses, œuvres multiples collectes de fonds, envois de soldats, expéditions de colis, etc. contribuaient à servir la cause de la France Libre5. Ces réseaux parfois très actifs s’appuyaient en outre, en Amérique latine, sur une francophilie encore active, malgré la montée en puissance des États-Unis et d’une certaine américanité6. Ils devaient en outre affronter plus ou moins directement, dans certains États, la propagande nazie véhiculée par les fortes implantations allemandes. Ils faisaient circuler entre eux l’information venue de Londres et y envoyaient les articles servant leur cause, tels ceux de Georges Bernanos. 7Quelle était la situation des pays où Georges Bernanos, Roger Caillois et Jules Supervielle vécurent pendant la Seconde Guerre mondiale ? Tour d’horizon de l’Amérique latine Au Brésil 7 Mauro F., Histoire du Brésil, Paris, Éditions Chandeigne, 1994, p. 127. 8 Ollivier L’Amérique du Sud et la France libre », Espoir, n° 114, janvier 1998, p. 11-12. 9 Un journal nazi de langue allemande, Deutscher Morgen, propageait l’hitlérisme. Les manifestations ... 8Devenu dictateur en 1937 après avoir été président constitutionnel, Getulio Vargas exerça une censure sévère, supprima les partis, institua une police politique. Cet exercice du pouvoir le fit assimiler aux dirigeants des pays de l’Axe7. Les comités de la France Libre, notamment le comité central » de Rio de Janeiro, furent alors surveillés et durent agir de manière assez souterraine. Mais lorsque le Brésil entra en guerre aux côtés des États-Unis, le 22 août 1942, les comités purent s’exprimer au grand jour. Une certaine partie du peuple brésilien, la majorité des Français du Brésil, nombre de ressortissants européens et les responsables des pays alliés appuyaient la cause de la France Libre. La presse y était généralement favorable. Certains, tels Costa Régo, rédacteur en chef du Correio da Manha, demandaient régulièrement la reconnaissance de la France Libre8. Bernanos accusait les notables d’origine française, nommés les Quarante, d’être littéralement pourris par Gringoire et surtout l’Action Française ». Le Comité central de la France Libre était présidé, dit Philippe Soupault dans un rapport, avec autorité par M. Rendu [qui] agit avec efficacité et dignité ». Un bulletin ronéotypé hebdomadaire, de langue française, France libre, fut publié à partir du 31 mars 1941, à 3 000 exemplaires. Une brochure en langue portugaise lui fut adjointe9. En Argentine 10 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Londres CNF, Argentine 18GMII/323. 11 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Londres CNF, Argentine 18GMII/408 ; Rolland D., Politique, cultu ... 9Les Français étaient à cette époque 45 à 50 000 dont 14 à 15 000 à Buenos Aires, moins nombreux cependant que les Allemands qui, eux, demeuraient souvent en relations étroites avec le Reich. Sur 800 appelés français, 690 furent portés insoumis » lors de la mobilisation française. Les Français d’Argentine travaillaient dans tous les secteurs de la vie économique du pays, le commerce et les finances notamment. Albert Guérin, l’animateur du comité de Gaulle, était le président de la Chambre de commerce française de Buenos Aires. Président de l’Association des Anciens Combattants français d’Argentine, cet homme dont le CNF dit qu’il possédait une intelligence rapide et compréhensive, [un] esprit juste », qu’il avait les défauts de ses qualités », trop franc, autoritaire et despotique » pour d’autres, faisait preuve dans le bulletin de son comité d’un lyrisme enflammé qui le faisait taxer aussi d’ excellent président de Comité, probablement le plus complet que nous ayons à l’étranger10 ». La communauté française d’Argentine, qui avait gardé parfois certaines habitudes hexagonales, parlait souvent, surtout dans les milieux assez modestes, un français très altéré ou argotique, où les hispanismes abondaient. C’étaient ces personnes – petits commerçants, employés d’import-export ou de banques, auxquels s’agrégèrent les réfugiés, parfois aisés – qui soutinrent la cause de la France Libre11. 12 En 1941 et 1942, le FBI et l’Ambassade américaine, plutôt encline à minorer le phénomène, estimai ... 13 Ayerza de Castilho L., Felgine O., Victoria Ocampo, Paris, Criterion, 1990 rééd. numérique, 2012. 14 Institut national de l’audiovisuel INA, propos de Roger Caillois, Archives du xxe siècle », 18 ... 15 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Argentine, dossier 144/1. 16 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Argentine, dossier 147. 10En octobre 1941, la France Libre comptait 7 000 adhérents en Argentine12. Certains, comme Pierre Lévis, cadre d’une maison de grains, ami de Roger Caillois, lui donnaient une partie de leur salaire. Les Français les plus fortunés, eux, ne se mêlaient pas à ce qu’ils considéraient comme la populace qui fréquentait le club de l’Aviron. Ils étaient, eux, souvent pétainistes. L’Argentine disposait, comme beaucoup d’autres pays d’Amérique Latine, mais peut-être plus encore, d’une élite francophone et francophile. Ainsi Victoria Ocampo, née en 1890, fut élevée par deux gouvernantes, l’une de langue anglaise, l’autre de langue française. Elle n’écrivit en espagnol qu’assez tard, à l’âge de 47 ans13. Roger Caillois, dont elle soutint l’action, évolua auprès d’elle dans un milieu parfaitement bilingue, voire trilingue, au contact de la très brillante équipe de SUR pourtant soucieuse d’américanité14. Comme le déclarait l’ambassadeur de France Jean Tripier, le 3 octobre 1940 Dans la classe supérieure argentine, on dit volontiers que l’Argentine a été faite par le bras italien, le capital anglais et la pensée française15. » Victoria Ocampo, libérale affirmée, était en outre une antifasciste déclarée. Elle faisait partie du mouvement Accion Argentina, fondé sous l’impulsion de Gonzalez Rouro, en mai 1940, après l’invasion des Pays-Bas et de la Belgique. Celui-ci, dans son manifeste publié le 6 juin 1940, proclamait l’attachement des Argentins à la démocratie, leur opposition aux principes totalitaires. De nombreux Argentins connus le signèrent. Des congrès suivirent, par exemple celui de mai 1941, qui appela à ne pas reconnaître les conquêtes territoriales acquises par la violence, et à la fermeture des missions diplomatiques des États totalitaires16. Lorsqu’Henri Focillon, intellectuel français exilé aux États-Unis et engagé au sein de la France Libre, fit un voyage en Argentine et qu’il donna une conférence au Jockey-Club pour le comité France-Amérique de Buenos-Aires, plus de 70 membres de la haute société argentine vinrent ainsi l’écouter. Si la presse argentine était souvent antifasciste, il existait cependant un journal pro-allemand, El Pampero. Le comité de Gaulle disposa d’un bulletin, Pour la France libre, créé en juillet 1940, tiré à 35 000 exemplaires en français et à 105 000 exemplaires en espagnol selon Jean-Paul Cointet. Il diffusait un bulletin radio-presse. Albert Guérin fonda en janvier 1943 l’hebdomadaire La France nouvelle jugé parfois marxisant des notes envoyées à Londres en témoignent. Le Vichyste Georges Denicker, le 17 juillet 1941, déplorait 17 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Argentine, dossier 144. Pour beaucoup de gens de ce pays, tout ce qui est français se confond de bonne foi avec la propagande gaulliste. […] Jamais, depuis un an, le gouvernement français n’a été tenu par la presse comme digne d’exprimer une opinion. Tout était réservé à de Gaulle ou aux Anglais17. » 11L’Argentine était officiellement neutre. Mais l’armée argentine, influencée par Mussolini, avait des sympathies pour l’Axe. En Uruguay 18 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Londres CNF, Uruguay, dossier 151. 19 Alfredo Baldomir fut président de 1938 à 1943. Le gouvernement de Juan J. Amézaga 1943-1947 affer ... 12 La colonie française de Montevideo est politiquement négligeable en raison de son faible effectif et de sa position indéterminée le puissant appui dont bénéficie le mouvement de la France Libre vient de la population uruguayenne » dit un rapport du CNF le 16 mars 1941. Il existait cependant un comité de Gaulle à Montevideo dirigé par Albert Ledoux, ambassadeur démissionnaire devenu le représentant du général de Gaulle en Uruguay. Ce comité était composé à 80 % d’Urugayens, selon des sources internes. Lorsque des tensions s’élevèrent entre Albert Ledoux, Emmanuel Lancial, représentant régional de la France Libre, et Albert Guérin, que les deux premiers trouvaient, comme beaucoup, autoritaire et trop à gauche, le général de Gaulle dut leur faire comprendre qu’une coopération était absolument nécessaire. Le gouvernement, malgré la neutralité proclamée en 1939, le clergé et une certaine partie de la population très liée à l’Allemagne nazie penchaient pour l’Axe, selon un rapport de la diplomatie française18. La majeure partie de la population était toutefois très francophile. Il faut rappeler que le 14 juillet fut jusqu’en 1943 la fête nationale de la patrie de naissance d’Isidore Ducasse, futur comte de Lautréamont, de Laforgue et Supervielle. Le 20 juin 1940, le président Baldomir déclarait à un journal argentin L’Uruguay professe pour la France une affection profonde. Les Uruguayens sont imprégnés de son art, de sa philosophie et de sa science19. » Signe de cet attachement, des manifestations se produisirent en mai 1940 devant des salles combles les réunions publiques n’étant pas autorisées, ainsi qu’à l’annonce de fusillade d’otages en France. Les déportations de Juifs choquèrent profondément l’opinion publique ainsi qu’une partie de l’épiscopat ce fut aussi le cas en Argentine. Des mouvements de sympathie pro de Gaulle se produisirent au moment du 14 juillet, et ce régulièrement, comme en Argentine. 20 Paseyro R., Jules Supervielle, le forçat volontaire, Paris, Le Rocher, 1987 rééd. 2002. Voir Coll ... 13En novembre 1942, des élections portèrent au pouvoir une coalition démocratique en Uruguay Déjà en guerre contre l’Allemagne, le gouvernement uruguayen fut le premier au monde à reconnaître celui de De Gaulle20 », ce qui constitua l’amorce d’un mouvement diplomatique en sa faveur. Bernanos, Caillois, Supervielle 14L’action de Georges Bernanos, Roger Caillois et Jules Supervielle en faveur de la Résistance extérieure, pendant la guerre, fut très différente. Georges Bernanos 1888-1948 21 Aron R., Mémoires, Paris, Julliard, 1983, p. 141. Sur son évolution quant à l’antisémitisme, les op ... 22 Bothorel J., Georges Bernanos, le mal-pensant, Paris, Grasset, 1998, p. 319. 15Célèbre talent venu de la droite française, auteur, selon Raymond Aron dans ses Mémoires, d’un ouvrage passionnément antisémite » en 1931 La Grande Peur des Bien-Pensants21, Bernanos évolua beaucoup à partir de la guerre d’Espagne il condamna ainsi les nationalistes franquistes dans Les Grands cimetières sous la lune. Révulsé par la nouvelle Europe totalitaire qui se préparait, il quitta le 20 juillet 1938 le sol français pour l’Amérique latine. Il pressentait le malheur, le prophétisait même. Il voulut se rendre avec sa nombreuse famille au Paraguay mais, n’y parvenant pas, et n’ayant pas les moyens financiers de s’installer en Argentine où il séjourna et rencontra Victoria Ocampo, il finit par s’établir au Brésil et prit vite des positions anti pétainistes qui lui interdirent tout retour en France occupée, ce qu’il n’envisagea même pas22. Pourquoi cet exil ? Au père Bruckberger, il écrivit, fin 1938 La véritable pensée française doit se former hors de France, parce que l’atmosphère dans laquelle on vit là-bas l’empêche d’éclore », ajoutant À ceux qui se demandent pourquoi j’ai quitté mon pays pour le Brésil, je pourrais dire que je suis venu ici couver ma honte. » Peut-être un certain esprit d’aventure intervint-il aussi dans ce choix. Il n’eut en effet de cesse que d’y acheter une ferme, une fazenda ». Soutenu par des membres francophiles de l’élite de Rio de Janeiro qui l’admiraient, Bernanos publia entre mai 1940 et mai 1945 trois cents articles ou messages radiophoniques engagés. Son premier papier, publié dans O Jornal, grand quotidien brésilien, date du 29 juin 1940. Profondément lucide face aux horreurs hitlériennes, il y déclarait Cette guerre est la guerre de la race. C’est pourquoi elle est une guerre d’extermination. » Comme il était assez démuni, un de ses amis brésiliens, Virgilio Mello-Franco, lui permit de bénéficier d’une collaboration régulière avec O Jornal. À partir de janvier 1942, ses revenus doublèrent, lui permettant de vivre aisément et d’écrire parfois bénévolement. Jean Bothorel, un de ses biographes, indique d’ailleurs que le gouvernement de Getulio Vargas, même avant l’entrée en guerre du Brésil le 22 août 1942 aux côtés des Alliés, ne cherchera pas, ou peu, à le censurer. Les autorités » politiques étaient, au fond, indifférentes à ses longues diatribes contre Hitler, Pétain, Laval et toute l’équipe de Vichy, assorties de considérations hostiles sur Staline ou sur les “Yankees” ». Ceci contrairement à la hiérarchie catholique qui manifestait son mécontentement auprès de l’Ambassadeur de France, lequel se plaignit dans une note à Vichy de ses accents hérétiques ». D’ailleurs, comme l’indique un rapport d’Albert Ledoux, la censure se relâcha avec l’évolution de la position des États-Unis. Des raisons familiales accentuèrent les choix de Georges Bernanos son fils Yves rejoignit la France Libre en juillet 1941 et son fils Michel en décembre 1942. 23 Bernanos G., Essais et écrits de combat, Paris, Gallimard, coll. La Pléiade », 1971, introduction ... 16Au Brésil, il s’éleva donc contre la dictature hitlérienne et la capitulation française. Selon Michel Estève23, pour Georges Bernanos 24 Lorsqu’il entendit l’Appel du général de Gaulle à la radio brésilienne, Georges Bernanos fut extrêm ... Accepter par avance une victoire pour l’Allemagne revient à trahir la vocation même du chrétien et de la France. Suivre l’appel du 18 juin 40, adhérer à la Résistance, envisager la révolte comme le seul recours possible est pour la France et l’Europe la seule façon de sauver leur liberté et leur âme24. » 25 Bernanos G., Lettre aux Anglais, Rio de Janeiro, L’Arbre, Atlantica editora, 1942, p. 112. 26 Bothorel J., Georges Bernanos, le mal-pensant, op. cit., p. 32-33. 17Dans Lettre aux Anglais, Bernanos déclara ainsi J’ai remis mon espoir entre les mains des insurgés. J’en appelle à l’Esprit de Révolte, non par une haine contre le conformisme mais parce que j’aime encore mieux voir le monde risquer son âme que de la renier25. » Les articles, les conférences et les essais qu’il publia furent donc dans l’esprit de la Résistance et appelèrent à une Renaissance chrétienne. Le 1er janvier 1942, il écrivit dans O Jornal Le général de Gaulle n’a pas triché. Il a pris son risque au moment le plus critique, et il l’a pris tout entier. » Mais la seule autorité légitime qu’il reconnaissait était celle du descendant de la famille d’Orléans. Le général de Gaulle, homme providentiel, était pour lui le délégué provisoire » de cette autorité. Anti-pétainiste, ce monarchiste pourfendit le gouvernement de Vichy, la révolution nationale », tout en se gardant longtemps d’adhérer au mouvement gaulliste. Jean Bothorel souligne qu’il ne s’y associa qu’au mois de juin 1942 et qu’il soutint sans équivoque le parti du général de Gaulle contre celui du général Giraud en juin 194326. Dans Le Chemin de la Croix-des-Âmes 1943-1945, il écrivait Le 18 juin 1940 est ce jour où un homme prédestiné – que vous l’eussiez choisi ou non, qu’importe, l’Histoire vous le donne – a d’un mot qui annulait la défaite, maintenu la France dans la guerre. Français, ceux qui essaient de vous faire croire que ce jour et cet homme n’appartiennent pas à tous les Français se trompent, ou vous trompent. Ralliez-vous à l’Histoire de France. » 18Il collabora, par l’intermédiaire d’Auguste Rendu, architecte, ancien combattant, chevalier de la Légion d’honneur, mutilé de la guerre de 1914-1918, président du comité de Gaulle de Rio de Janeiro, à la BBC, au bulletin périodique du comité intitulé France libre puis France Combattante. Il publia un appel aux Français résidant en France dans le n° 3 du Bulletin du comité de Gaulle de Buenos Aires, où il affirmait notamment Il importe peu que vous soyez d’accord sur l’avenir, il suffit que vous ne le laissiez engager par personne, aussi longtemps que la France ne sera pas libre, aussi longtemps que ne sera pas restitué l’honneur. […] Ne lâchez rien ! N’abandonnez rien ! » 19Dans le Bulletin n° 5 Pour la France Libre, il écrivait Je tiens le rôle de l’écrivain pour utile et même important, je ne me fais pas non plus de cette importance une idée excessive. […] Je n’ai […] jamais été républicain, mais j’ai compris maintenant ce que ce mot exprimait – à tort ou à raison – pour des millions d’hommes qui ont mis en lui leur foi et leur fierté. […] Lorsque je lis dans ce bulletin ces lettres si naïves, si bouleversantes, de pauvres gens qui envoient tout leur cœur avec un billet de cent sous, je sens profondément la grandeur et la misère de l’écrivain en présence de tels êtres. Que leur apporterais-je qu’ils n’aient déjà, puisqu’ils ont l’héroïsme et la foi ? […] Pour moi, je n’ai plus ni classe ni parti […] Je ne veux plus croire qu’à l’honneur français. » 27 Arch. MAE, Londres, dossier Bernanos. 28 Voir la lettre de Georges Bernanos à Virgilio de Mello-Franco. Le général de Gaulle m’a câblé […] ... 29 J’ai aimé le Brésil pour bien des raisons, mais d’abord et avant tout parce que j’étais né pour l ... 30 Carelli M., La rencontre de deux monde Caillois et Bernanos », Cahiers Georges Bernanos, n° 2, ... 31 Soupault Ph., Profils perdus, Paris, Mercure de France, 1963, p. 77-78. 32 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Alger, Argentine 18GMII/1094, 18GMII/1292 et 18GMII/1294. 33 Carelli M., La rencontre de deux monde Caillois et Bernanos », art. cité. Plusieurs lettres de ... 20À la même époque, Albert Guérin intervint auprès du général de Gaulle au sujet de ce brillant et courageux partisan de [la] cause [de la France Libre] » et pour une meilleure diffusion de ses articles27. Le 8 mai 1942, le général de Gaulle remerci[a] vivement M. Bernanos de son offre ». Le comité national assurera volontiers la diffusion d’articles qui feront certainement honneur autant au patriotisme de M. Bernanos qu’à ses talents d’écrivain ». Le CNF écrivit à Brazzaville et Beyrouth pour assurer la plus large diffusion à la lettre ouverte de Bernanos aux Anglais. En réponse, le général de Gaulle annonça la création de La Marseillaise à Londres à laquelle Georges Bernanos fut prié de donner des textes Souhaitons papiers moraux, politiques plus que religieux. Éviter complaisance politique à notre égard. » Ses articles furent alors transmis par Auguste Rendu, par télégraphe, à Londres28. Jean Bothorel précise qu’il toucha pour chacun de ses textes dans La Marseillaise 50 dollars. Il en donna alors la moitié au comité France Libre de Rio de Janeiro. À la même époque, Georges Bernanos exprima le désir de s’établir en terre française », à Brazzaville ou en Syrie. Albert Guérin s’entremit. Mais Bernanos y renonça et, attaché au Brésil, poursuivit son exil sur ce sol29. Une partie de sa famille y fit souche. Ses essais et articles visionnaires eurent un grand retentissement. La Lettre aux Anglais 1942 éditée au Brésil par Charles Ofaire, connut plusieurs éditions clandestines en Europe et contribua, selon Mario Carelli30, à faire basculer l’opinion brésilienne hésitante jusqu’en 1942. Un texte écrit à l’intention de la France, Vous serez jetés sur le parvis », fut reproduit par Franc-Tireur et par France, selon une note conservée aux archives diplomatiques. Beaucoup de visiteurs de Georges Bernanos le dépeignirent avec tendresse. Philippe Soupault, dans Profils perdus, évoque sa verve étonnante », sa prodigieuse vitalité », ses colères homériques. Il s’exprimait avec une franchise et une violence admirable » raconte-t-il de ce prodigieux personnage31 ». Il en fit, dans un rapport à Alger, un vibrant éloge Il est un fervent défenseur de la France combattante et de ses chefs mais il reste un individualiste qui refuse toute discipline. Cette attitude qui fut toujours la sienne fait sa force32. » Roger Caillois, évoqua avec une rare chaleur celui qu’Étiemble appelait, dans une lettre, le tonitrueur33 ». Georges Bernanos ne rentra pas immédiatement en France, malgré les demandes de De Gaulle. Il ne quitta le Brésil que le 2 juin 1945. Roger Caillois 34 Felgine O., Roger Caillois, op. cit. 35 Il devait impérativement se marier, du fait des contraintes sociales de l’époque concernant les nai ... 36 Le 3 septembre 1939, il comptait reprendre son poste au lycée de Beauvais mais ne savait pas s’il a ... 21Né en 1913 à Reims il mourut à Paris en 1978, normalien, agrégé de grammaire en 1932, mythologue de talent » selon Marcel Mauss, élève de Georges Dumézil à l’École pratique des hautes études en sciences religieuses, il avait été la boussole mentale du surréalisme » puis évolua à l’extrême gauche tout en manipulant, à notre sens inconsidérément, au collège de sociologie, des thèses qui purent le faire soupçonner de fascisme34 ». Il se déclara alors communiste dans son article La hiérarchie des êtres ». Il prônait l’aridité, la rigueur, l’avènement d’une élite de clercs. Connu dans un cercle intellectuel restreint, collaborateur de la NRF de Jean Paulhan, il rencontra l’essayiste et éditrice argentine Victoria Ocampo chez Jules Supervielle, fin 1938. Ils se lièrent. Toujours avide de signatures prometteuses pour sa prestigieuse revue, SUR, Victoria Ocampo, qui disposait d’une fortune considérable, l’invita à faire une série de conférences sociologiques en Argentine. Débarqué sur le sol argentin le 11 juillet 1939, Roger Caillois y fut surpris par la guerre. Il envisagea un temps de rentrer en France, par nécessité35, ce qui était concrètement impossible en raison du trafic maritime et de sa situation militaire36. Il resta donc auprès de Victoria Ocampo qui le prit en charge matériellement, et il prit position, dès octobre 1939, contre l’hitlérisme. Le 13 octobre, il annonça avoir écrit 37 Lettre à Yvette Billod, 13 octobre 1939 collection Catherine Rizea-Caillois, inédit. une chose sur Hitler dans le genre de la déclaration du Collège de Sociologie mais beaucoup plus long. J’ignore d’ailleurs tout à fait dans quelle mesure cela peut plaire à ces gens car j’ai exprimé mes idées – et non les leurs – et ce n’est peut-être pas suffisant que les conclusions concordent, quand les raisons qui les amènent sont si différentes37 ». 38 Lettre à Yvette Billod, 21 octobre 1939 collection Catherine Rizea-Caillois, inédit. À rapprocher ... 39 Ibid., p. 124-125. 40 Lettre à Yvette Billod collection Catherine Rizea-Caillois. À la mi-décembre, il expliquait qu’il ... 41 Lettre à Yvette Billod collection Catherine Rizea-Caillois, inédit. À partir de juillet 1940, il ... 22Le 21, il s’exclamait J’ai fini mon travail sur Hitler une condamnation purement sociologique, en dehors de tout parti-pris national ou moral. L’attaché culturel est très embarrassé. Il voudrait que cela soit tiré à 10 000 exemplaires et distribué aux intellectuels en Amérique du Sud38. » Quelques jours après, fut publié le numéro 61 de SUR avec son étude Nature de l’hitlérisme », ainsi que d’autres écrits antifascistes, Veille de guerre » de Victoria Ocampo et Essai d’impartialité » de Jorge Luis Borges. Le 11 novembre, dans une lettre à Jean Paulhan, Roger Caillois condamnait l’hitlérisme par ces mots L’hitlérisme est un idéal qui ne permet pas qu’on y adhère. Il faut la grâce et celle-ci n’est pas la récompense de la vertu, mais une donnée de la naissance39. » Début décembre, il dit vouloir toujours partir mais les bateaux italiens, les seuls bateaux de passagers à peu près sûrs sont pleins40 ». Il poursuivit néanmoins ses travaux le 12 mars 1940, Caillois déclarait avoir écrit un nouvel article sur l’hitlérisme pour le supplément littéraire de La Nacion, quotidien libéral argentin. En avril, il travaillait à l’ambassade comme attaché à l’Information pour la section culturelle il devait, dans la presse, repérer la propagande allemande et l’inquiétude locale à cause du blocus puis faire des rapports sur la question ». Il se rendait aussi dans les cinémas d’actualité surveiller les reportages allemands et contrôler les français ces derniers au studio, avant la projection publique. » Fin avril, il écrivit une chose sur Athènes et Philippe, l’Hitler de l’époque41 ». 42 Felgine O., Roger Caillois, op. cit. 43 Médiathèque Valery Larbaud MVL, fonds Caillois, lettre d’Étiemble à Roger Caillois. 44 MVL, fonds Caillois, lettres de Raymond Aron à Roger Caillois. 23À la mi-juillet 1940, il quitta le service de l’ambassade passée aux mains des pétainistes, pour celui du Royaume-Uni. Les Britanniques l’envoyèrent prononcer dix conférences en Uruguay sur le danger hitlérien et la signification de l’hitlérisme42 ». La légation allemande protesta l’Uruguay et l’Argentine étaient théoriquement neutres. À partir de ce moment, Roger Caillois ne put plus rentrer en France. Rapidement, il adhéra au comité de Gaulle établi dans diverses villes d’Argentine, seule force d’opposition structurée aux pétainistes, qui constituait aussi une de ces sectes qui le fascinaient. Auprès de Victoria Ocampo, femme exceptionnelle qui n’avait d’autre passeport que le talent, comme elle le disait, il fréquenta une grande partie des meilleures plumes d’Amérique latine dont Jorge Luis Borges. Il n’en négligea pas pour autant ses compatriotes et amis. Son ancien collègue du lycée de Beauvais, René Étiemble, qui fit des séjours au Mexique, lui proposa de fonder avec lui une revue qui, durant l’interrègne Pétain, assure la survie de ce qu’[ils aimaient], en français et distribuée surtout dans les pays de l’Amérique latine où NRF et semblables magazines avaient beaucoup de lecteurs » ; une revue, essentiellement, de critique et de doctrine littérature, arts, politique, réunissant surtout des essais sérieux43 ». Le projet, en fait, fut développé par Roger Caillois en Argentine sous le titre Lettres Françaises. Il fut évoqué dès le 5 novembre 1940 par Supervielle. Victoria Ocampo, avec une détermination et une constance louables, mit les infrastructures de SUR, son réseau d’amitiés et une partie de sa fortune au service de ce projet. Roger Caillois fit, quant à lui, preuve d’un acharnement et d’une énergie remarquables. Il fit appel aux écrivains et artistes exilés en Amérique latine et du Nord mais aussi, tant qu’il le put à Jean Paulhan et à Jean Ballard, restés en France, pour assurer à sa revue des textes inédits de qualité. La revue, de langue française, s’adressant aux lecteurs américains » du Sud mais aussi du Nord ainsi qu’aux communautés francophones entendait à la fois servir la France Libre, donner la parole aux écrivains français, et aider la littérature et la langue françaises en Amérique. Des bulletins de souscription lui accordaient un peu d’autonomie financière, personnalités argentines autant que membres de la communauté française lui apportant leur soutien. Des éditions lui furent jointes la collection des Amis des Lettres Françaises, La Porte étroite. Son premier numéro, sous-titré Cahiers trimestriels de littérature française, édités par les soins de la revue SUR avec la collaboration des écrivains français résidant en France et à l’étranger », parut en juillet 1941. Du fait d’un obstacle juridique, Victoria Ocampo fut présentée comme la directrice de ce qu’elle déclara être un supplément francophone de sa revue. La revue eut 20 numéros, le dernier le numéro 17-20 fut publié en 1947, après le départ de Roger Caillois. Beaucoup d’intellectuels, de poètes exilés en Amérique du Nord y collaborèrent, soit en donnant des textes, soit en aidant Caillois à s’en procurer. Des réseaux spontanés d’amitié se constituèrent autour d’elle. Ainsi Raymond Aron, rédacteur en chef de la revue mensuelle La France Libre non gaulliste mais proche du mouvement », créée à Londres par André Labarthe, appuya chaleureusement Roger Caillois tout au long de sa mission44. Valéry, Michaux, Benjamin Fondane, Saint-John Perse, André Breton, Marguerite Yourcenar, Jorge Luis Borges et tant d’autres se croisèrent dans cette revue qui eut un rôle un peu similaire à celui de Fontaine ou L’Arche en Algérie ». Un de ses numéros fut parachuté, miniaturisé, sur la France métropolitaine par la 45 Felgine O., Roger Caillois, op. cit. 46 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Alger CFLN, Argentine, 1292, rapport d’Henri Seyrig. 24Parallèlement, Roger Caillois qui, un peu comme Saint-Exupéry, pensait que l’écrivain français exilé avait des privilèges et des devoirs face à ses pairs en France occupée – mais sans être antigaulliste –, fonda avec Robert Weibel-Richard, ancien attaché culturel français et professeur à la faculté des lettres, l’Institut français d’études supérieures de Buenos Aires qui s’adressa à un public gaulliste et cultivé45. Il y songeait depuis 1940 puisqu’à cette époque il écrivait à Yvette Billod qui devait le rejoindre en Argentine pour l’épouser Je pense quelquefois à fonder une sorte d’Institut d’Études Classiques où l’on enseignerait les langues et littératures grecques, romaines et françaises. Cela manque beaucoup ici, et je crois que cela aurait des élèves. Mais c’est un projet de grande envergure. Il faudrait que vous soyez là. » L’Alliance française était vichyste, recevant une subvention du gouvernement de Pétain ; l’enseignement du français dans les collèges privés était, quant à lui, catastrophique. En août 1942, Henri Focillon vint inaugurer ce qui fut présenté comme une branche de l’École libre des hautes études de New York. Roger Caillois envisagea d’en fonder un autre à Montevideo, en Uruguay, mais Claude Lévi-Strauss, secrétaire général du Centre d’études et d’information pour les relations avec l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, le lui déconseilla. Ç’aurait été trop de travail. Les moyens de l’Institut étaient modestes. Il y avait cinq professeurs au début Robert Weibel-Richard, ancien attaché culturel, licencié ès lettres, directeur de l’Institut, Roger Caillois, Yvette Caillois, licenciée ès lettres avec diplôme d’études supérieures, ancien professeur au lycée Racine et au lycée Jules Ferry à Paris, Simone Garma, licenciée ès lettres, ancien professeur au lycée français de Madrid, Jeanne Bathori, ancien professeur à la Schola cantorum, directrice du théâtre du Vieux Colombier en 1917-1918. En juin 1943, outre ces membres fondateurs, Paul Bénichou, agrégé des lettres, Mme Luesma-Lagoubie, licenciée ès lettres, ancien professeur au lycée de Bordeaux et au lycée français de Montevideo, Désiré Patt, docteur ès sciences de l’université de Budapest, ancien professeur à l’université de Marseille, Mme Icard, licenciée ès sciences, Fides Castro, professeur de chant et Ada Poliakowa, premier prix de Conservatoire national de Petrograd, dispensaient aussi leur savoir. Il y avait six cents élèves pendant la saison et quarante cours, de langue et littérature françaises, de langue et littérature classiques, d’histoire et sociologie et d’interprétation musicale. Les certificats délivrés étaient proches de la licence46. Le public était composé de dames de la haute société portègne, de petits commerçants, de jeunes filles réfugiées. Très vite, l’Institut fut très fréquenté et sa situation financière apparut saine. Dans ce foyer du gaullisme, furent donnés des concerts, des spectacles et un dîner par mois réunissant élèves, enseignants, invités venus des États-Unis ou d’ailleurs. Le gouvernement argentin ne s’en accommoda pas vraiment des manifestations de profascistes eurent lieu devant l’Institut, et des mesures d’intimidation furent agitées. 47 Ibid. 25L’Institut bénéficia d’une subvention de la part du comité de Gaulle de Buenos Aires. Henri Seyrig, chargé de mission par le CNF, s’exclamait dans son deuxième rapport le 25 juin 1943 La France combattante peut être justement fière d’avoir créé cette institution qui doit devenir et est déjà, dans une large mesure, le pilier de notre influence culturelle dans la République argentine47. » Jules Supervielle 1884-1960 48 Paseyro R., Jules Supervielle, le forçat volontaire, op. cit., p. 193. 49 Soupault Ph., Profils perdus, op. cit. ; Mousli B., Philippe Soupault, Paris, Flammarion, 2010, p. ... 26Écrivain et poète français reconnu, il naquit en Uruguay, où demeurait une grande partie de sa famille. Même si ses ancêtres étaient basco-béarnais, même s’il écrivait en langue française, s’il possédait de nombreux amis dans le milieu littéraire français tels que Jean Paulhan, Henri Michaux, Paul Morand Jules Supervielle appartenait aussi à l’Uruguay, dont il possédait la nationalité et où il faisait de fréquents séjours. Lui qui ne se déplaçait jamais durant l’hiver austral se rendit en août 1939 en Uruguay pour le mariage de son fils aîné. Il y fut bloqué pendant six ans et demi, la guerre s’étant déclarée cent heures après son arrivée. Ses filles demeuraient en France métropolitaine. Il fut en quelque sorte exilé dans un de ses pays. La complexité de cette situation l’empêcha peut-être de se déterminer politiquement aussi vite et nettement que Georges Bernanos et Roger Caillois aux côtés de la Résistance extérieure. Selon son gendre et biographe Ricardo Paseyro, Supervielle n’avait rallié ni de Gaulle ni Pétain. Ses rapports avec la légation de Vichy étaient strictement protocolaires ». Anticommuniste, il trouvait des mobiles honnêtes à la conduite de ses amis Paulhan le résistant, Jouhandeau le collaborateur, Morand le maréchaliste, Michaux le marginal, Saint-John Perse antigaulliste et anti-pétainiste48 ». Deux de ses gendres, Pierre Bertaux et Pierre David, étaient cependant engagés en France et en Afrique dans la lutte antihitlérienne. Ce grand ami de Victoria Ocampo, en réalité, manifesta son anti-pétainisme et son antinazisme dans ses poèmes. Dans son Journal, en partie publié, il exprimait sa tristesse de voir la France occupée. Il écrivait ainsi Les armées du Reich viennent d’envahir le nord de la France. Le cerveau ne sait comment s’y prendre pour contenir des nouvelles aussi volumineuses et répugnantes. » En septembre et octobre 1940, cet auditeur de la BBC composa les quatre premiers Poèmes de la France malheureuse Ô Paris ville ouverte/Ainsi qu’une blessure » qui furent dédiés à Angelica Ocampo, la sœur la plus proche de Victoria Ocampo. Le 2 novembre 1940, Roger Caillois, qui le vit à Montevideo le Franco-Uruguayen venait d’apprendre que la banque Supervielle avait fait faillite écrivit à Yvette Billod Il se remettait à peine des émotions que les affaires d’Europe lui avaient causées. » Philippe Soupault, en mission, le rencontra en 1943 à Montevideo Il était triste, même malheureux, comme moi, quand il écoutait les nouvelles de la France occupée. Il souffrait mais ne voulait pas être désespéré. “Ce n’est pas possible” me répétait-il. C’était pourtant possible49. » 27Jules Supervielle donna deux des quatre premiers poèmes à la revue de Roger Caillois, Lettres Françaises, dès son premier numéro. En novembre 1941, six furent publiés en plaquette dans la collection des Amis de Lettres Françaises. Quatre autres furent proposés dans le n° 5 le 1er juillet 1942, et trois enfin dans le n° 9 de Lettres Françaises du 1er juillet 1943. Ce fut sa façon de s’engager. Ses poèmes, d’ailleurs, furent lus en France. En juin 1942, Albert Béguin, qui depuis Bâle, dirigeait Les Cahiers du Rhône et voulait les publier, lui écrivit combien ils l’avaient ému. Ruiné par la faillite de la banque familiale, Jules Supervielle regagna la France en avril 1946 comme diplomate uruguayen. D’une Amérique l’autre, destins croisés d’intellectuels 50 Loyer E., Paris à New York. Intellectuels et artistes français en exil 1940-1947, Paris, Grasset, ... 51 MVL, fonds Caillois, lettres de Claude Lévi-Strauss à Roger Caillois. 52 MVL, fonds Caillois, lettre d’Henri Seyrig à Roger Caillois, 17 août 1943 Je me suis remué de t ... 53 Rolland D., Vichy et la France libre au Mexique guerre, cultures et propagande pendant la Seconde ... 54 MVL, fonds Caillois, lettre d’Agustin Ruano Fournier à Roger Caillois, 7 octobre 1940 Je préfèr ... 55 MVL, fonds Caillois, lettre de Sara Rey-Alvarez à Roger Caillois, 7 novembre 1940. Ce professeur de ... 28Emmanuelle Loyer, dans son ouvrage Paris à New York50, laisse entendre que les relations entre exilés d’Amérique du Nord et exilés d’Amérique latine étaient hiérarchisées La vie intellectuelle new yorkaise […] chapeautait les autres centres littéraires de l’exil, cette position étant considérée comme clairement hiérarchique. » S’il est vrai que l’Institut d’Études supérieures de Buenos Aires fut présenté comme une annexe du Latin American Center de New York51, les correspondances de Roger Caillois, de Georges Bernanos ou de Jules Supervielle ne montrent pas une telle soumission. En matière de vie culturelle, il n’y a pas de hiérarchie. Les liens avec la Résistance extérieure, les comités de Gaulle et les actions des écrivains français en leur faveur dépendirent essentiellement du CNF installé à Londres. Je n’ai pas trouvé trace de subordination vis-à-vis des exilés aux États-Unis. Les lettres témoignent d’échanges fraternels entre eux, de services rendus de part et d’autre. D’ailleurs, Roger Caillois ne réussit pas à se rendre en visite aux États-Unis pays certes plus riche, malgré une invitation officielle de M. Mirkine-Guetzevitch du 21 juillet 1943 et les efforts d’Henri Seyrig52. Ni d’un côté, ni de l’autre, on ne dispose d’assez d’argent pour assurer ce déplacement. Lettres Françaises fut d’autre part publiée avant la revue de l’École libre de New York, Renaissance qui parut à la fin du printemps 1943. Il est à noter cependant qu’il y eut plus de circulation d’informations et d’échanges entre les différents pays d’Amérique du Nord et du Sud à partir de ce moment. Des amitiés durables, parfois surprenantes, naquirent de ces rencontres étayées parfois par un épistolaire plus ou moins contrarié par les aléas de l’acheminement postal Breton/Saint-John Perse, Saint-John Perse/Caillois, Bernanos/Soupault ou Bernanos/Caillois. En Amérique latine même, les deux pôles de résistance intellectuelle les plus actifs semblent avoir été le Mexique et l’Argentine. Denis Rolland a étudié pour le Mexique53 les cas de Paul Rivet, Jules Romains notamment gaulliste mais respectueux du Pétain de la Première Guerre mondiale. L’Argentine se distingua grâce à Victoria Ocampo et Roger Caillois mais aussi à une communauté francophile autochtone importante, parfois fortunée. Il est intéressant de remarquer aussi que les universités latino-américaines où Roger Caillois alla fréquemment donner des conférences lui demandaient souvent de traiter de sujets engagés. Ainsi celle de Montevideo qui lui suggéra d’évoquer la position de la jeunesse face au totalitarisme54. Des lettres d’auditeurs de celles-ci, conservées dans la correspondance de Roger Caillois, témoignent de l’écho qu’elles trouvaient dans la population55. 56 Provocateur, Roger Caillois affirma dans les entretiens de 1971 n’avoir jamais parlé espagnol à Bue ... 57 Saint-John Perse, Correspondance avec Roger Caillois 1942-1975, textes réunis et présentés par Joël ... 29Il faut enfin évoquer une réaction fréquente chez les écrivains français exilés tant en Amérique du Nord qu’en Amérique latine. Il s’agit de la peur de voir sa langue maternelle contaminée, en quelque sorte, par la langue dominante du pays d’accueil et le refus, pour certains, de la parler. Jules Supervielle, André Breton, Roger Caillois, le peintre André Masson, par exemple, en témoignèrent à plusieurs reprises56. Il ne s’agit sans doute là ni d’une incapacité ni d’une raideur politique mais plutôt, d’une angoisse de créateur. Garder sa langue intacte ne peut-il pas être perçu comme un acte de résistance ? Ce phénomène pourrait expliquer en partie le glissement vers le classicisme d’un Caillois grammairien et excessif à cette époque. Saint-John Perse, fin 1942, lui qui ne connut pas cette difficulté, écrit d’ailleurs à Roger Caillois La langue française [est] pour moi le seul refuge imaginable, l’asile et l’antre par excellence, l’armure et l’arme par excellence57. » 58 Sapiro G., La guerre des écrivains, Paris, Fayard, 1999, p. 640. 59 D’où de sévères et peut-être jubilatoires réactions, notamment aux États-Unis, comme celle de Wil ... 30Le retour d’exil, surtout pour les exilés en Amérique du Nord, ne fut pas simple mais il fut fructueux. Souvent mal perçus par les résistants de l’intérieur, sauf dans les cas des très grands noms qui furent d’ailleurs proposés par le général de Gaulle pour une Académie française rénovée, comme Georges Bernanos qui refusa et Jules Romains, qui accepta58, beaucoup peinèrent à retrouver une place en France où ils rentrèrent tous pour la plupart. Roger Caillois, qui n’avait pas l’exclusivisme littéraire de nombre d’intellectuels français d’alors59, fut de ceux-là. Ayant l’Amérique latine au cœur, voulant lui prouver sa reconnaissance, il mit son énergie au service d’un transfert culturel important il se fit, toujours avec l’aide de Victoria Ocampo, passeur de sa littérature qui bientôt subjugua, tant à l’Unesco que chez Gallimard, avec la collection La Croix du Sud. Il contribua ainsi également à l’émergence culturelle, au plan international, des nations nouvelles et à maintenir une certaine place de la France en Amérique latine, au moment où la langue française s’effaçait du sous-continent. Notes 1 Lévi-Strauss C., Tristes Tropiques, Paris, Plon, 1955 rééd. 1984, p. 22. 2 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Amérique, Argentine, dossier 144/1. 3 Au Brésil comme en Argentine, ces comités étaient souvent constitués de petits employés, d’artisans, de commerçants Crémieux-Brilhac La France libre. De l’Appel du 18 juin à la Libération, Paris, Gallimard, 1996, p. 258. On comptera en juillet 42, quatorze comités locaux de la France libre au Brésil, trente-neuf au Chili, vingt-quatre en Uruguay et cinquante-quatre en Argentine » Journal Officiel de la France Libre, n° 349, 9 juillet 1942. Selon Jean-Louis Crémieux-Brilhac, en avril 1941, 50 à 60 % des Français d’âge adulte sont membres du comité local de Rio et 80 à 90 % à Sao Paulo ». Dans cette ville, les Français les plus aisés forment “la chapelle” qui est un clan maréchaliste ». 4 Voir dans ce volume la contribution de Anfrol M., Les discours et messages du général de Gaulle, chef de la France Libre, à l’Amérique latine ». 5 Voir dans ce volume la contribution de Belot R., Les comités de la France Libre en Amérique latine pendant la guerre enjeu symbolique, politique et diplomatique ». 6 Voir dans ce volume la contribution de Dumont-Quessard J., La défaite de 1940 une étape dans la redéfinition des relations culturelles entre la France et les intellectuels latino-américains ». 7 Mauro F., Histoire du Brésil, Paris, Éditions Chandeigne, 1994, p. 127. 8 Ollivier L’Amérique du Sud et la France libre », Espoir, n° 114, janvier 1998, p. 11-12. 9 Un journal nazi de langue allemande, Deutscher Morgen, propageait l’hitlérisme. Les manifestations en faveur du parti national-socialiste n’étaient pas rares selon Hauser J., Le Comité central de Rio de Janeiro », Revue de la France libre, n° 126, juin 1960. 10 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Londres CNF, Argentine 18GMII/323. 11 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Londres CNF, Argentine 18GMII/408 ; Rolland D., Politique, culture et propagande française en Argentine. L’univers de Caillois entre 1939 et 1944 », Roger Caillois, Cahiers de Chronos, Paris, La Différence, 1991, p. 404-442. Voir aussi Felgine O., Le virage américain », Roger Caillois, Cahiers de Chronos, op. cit., p. ; ead., Roger Caillois, Paris, Stock, 1994, p. 219. 12 En 1941 et 1942, le FBI et l’Ambassade américaine, plutôt encline à minorer le phénomène, estimait à 70 % de la colonie les Français libres déclarés », cité par Rolland D., Politique, culture et propagande française en Argentine. L’univers de Caillois entre 1939 et 1944 », art. cité, p. 407. 13 Ayerza de Castilho L., Felgine O., Victoria Ocampo, Paris, Criterion, 1990 rééd. numérique, 2012. 14 Institut national de l’audiovisuel INA, propos de Roger Caillois, Archives du xxe siècle », 18 et 20 juillet 1971 ; Felgine O., Roger Caillois, op. cit., p. 207 et 219. 15 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Argentine, dossier 144/1. 16 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Argentine, dossier 147. 17 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Vichy, Argentine, dossier 144. 18 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Londres CNF, Uruguay, dossier 151. 19 Alfredo Baldomir fut président de 1938 à 1943. Le gouvernement de Juan J. Amézaga 1943-1947 affermit le retour à la démocratie. Caetano G., Rilla J., Historia contemporéana del Uruguay, de la Colonia al Siglo xxi, Montevideo, Claeh, Editorial fin de siglo, 2005, p. 232. Roger Caillois, dans une lettre à Yvette Billod inédite, collection Catherine Rizea-Caillois datée du 28 septembre 1940 raconte Ici [en Argentine] les gens ont été consternés par l’avance allemande et il y a tout de même des gens qui commencent à vouloir agir. En Uruguay déjà, le mouvement est déchaîné, avec des manifestations dans les rues etc. Mais l’Uruguay est beaucoup plus francophile que l’Argentine il a déclaré la guerre à l’Allemagne en 1914. Je crois qu’on peut cependant obtenir des choses intéressantes. » 20 Paseyro R., Jules Supervielle, le forçat volontaire, Paris, Le Rocher, 1987 rééd. 2002. Voir Collot M. et al. éd., Œuvres poétiques complètes, Jules Supervielle, Paris, Gallimard, 1996. Dans son poème intitulé France » 1943, issu du recueil Poèmes de la France malheureuse mars 1939-juillet 1944, Jules Supervielle écrivait Ô prisonnière, ô souveraine/Tu nous assoiffes de ta peine/L’Allemand te cache et te boit,/Il veut t’anéantir en soi,/Vois comme il souffle ta chandelle/Pour te cacher ses mains cruelles. » 21 Aron R., Mémoires, Paris, Julliard, 1983, p. 141. Sur son évolution quant à l’antisémitisme, les opinions sont encore parfois controversées, notons que La France libre, dirigée par Raymond Aron, publia des textes de Georges Bernanos et que R. Aron, sous le pseudonyme de René Avord, donna un texte en mai 1943 intitulé Pensée française en exil. I Le message de Bernanos » dans La France libre, t. VI, n° 31, p. 22-28, repris dans Les Cahiers Bernanos, n° 6, janvier 1996, p. 59-68. Le journaliste et directeur du Monde des Livres Jean Birnbaum, dans le Monde, en décembre 2012, écrivait quant à lui Révolté par les crimes nazis, cet antisémite de culture rendra hommage à l’héroïsme des combattants du ghetto de Varsovie. » 22 Bothorel J., Georges Bernanos, le mal-pensant, Paris, Grasset, 1998, p. 319. 23 Bernanos G., Essais et écrits de combat, Paris, Gallimard, coll. La Pléiade », 1971, introduction de Michel Estève, p. 30. 24 Lorsqu’il entendit l’Appel du général de Gaulle à la radio brésilienne, Georges Bernanos fut extrêmement ému. Sa femme pleurait. C’est la seule fois où je l’ai vu aussi ému et bouleversé. Aussitôt, il a cherché un moyen de parler à la radio, de faire savoir sa position, d’écrire dans la presse », Bernanos Témoignage », Espoir, n° 113, décembre 1997, p. 47-53. 25 Bernanos G., Lettre aux Anglais, Rio de Janeiro, L’Arbre, Atlantica editora, 1942, p. 112. 26 Bothorel J., Georges Bernanos, le mal-pensant, op. cit., p. 32-33. 27 Arch. MAE, Londres, dossier Bernanos. 28 Voir la lettre de Georges Bernanos à Virgilio de Mello-Franco. Le général de Gaulle m’a câblé […] pour me demander de collaborer à un journal intitulé La Marseillaise », Bernanos G., Le Combat pour la liberté, Correspondance inédite, t. II, Paris, Plon, 1971, p. 459-460. Il y donna un article tous les mois à partir du 14 juin 1942 et ce jusqu’en décembre 1944. La Marseillaise, hebdomadaire de la France Libre, fut publié à partir de juin 1942 à Londres. Il était dirigé par François Quilici. 29 J’ai aimé le Brésil pour bien des raisons, mais d’abord et avant tout parce que j’étais né pour l’aimer. » 30 Carelli M., La rencontre de deux monde Caillois et Bernanos », Cahiers Georges Bernanos, n° 2, janvier 1992. 31 Soupault Ph., Profils perdus, Paris, Mercure de France, 1963, p. 77-78. 32 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Alger, Argentine 18GMII/1094, 18GMII/1292 et 18GMII/1294. 33 Carelli M., La rencontre de deux monde Caillois et Bernanos », art. cité. Plusieurs lettres de Roger Caillois à Georges Bernanos y figurent. Dans celle du 6 juin 1942, Roger Caillois dit à Georges Bernanos Je n’ai rien trouvé, cependant, de plus vrai, de plus juste que votre ouvrage » il s’agit de Lettre aux Anglais. Sur ce sujet, voir Gosselin-Noat M. éd., Bernanos et le Brésil, Lille, Roman 20-50, 2007, notamment Jurt J., Bernanos au Brésil et la France libre », p. 11-28. On mentionnera aussi les ouvrages de Sébastien Lapaque. 34 Felgine O., Roger Caillois, op. cit. 35 Il devait impérativement se marier, du fait des contraintes sociales de l’époque concernant les naissances hors mariage, auxquelles il avait été lui-même exposé du fait de la naissance illégitime de son propre père. 36 Le 3 septembre 1939, il comptait reprendre son poste au lycée de Beauvais mais ne savait pas s’il allait être mobilisé en Argentine. On ne fera pas partir les Français avant la destruction totale des sous-marins » écrivait-il à Yvette Billod collection Catherine Rizea-Caillois, inédit. En octobre 1939, selon la même source, le trafic des bateaux était dangereux et l’ambassade semblait vouloir qu’il demeure en Argentine. 37 Lettre à Yvette Billod, 13 octobre 1939 collection Catherine Rizea-Caillois, inédit. 38 Lettre à Yvette Billod, 21 octobre 1939 collection Catherine Rizea-Caillois, inédit. À rapprocher de la lettre de Roger Caillois à Jean Paulhan, 11 novembre 1939, dans Felgine O., Perez éd., Correspondance Jean Paulhan-Roger Caillois, 1934-1967, Paris, Gallimard, coll. Cahiers Jean Paulhan », t. VI, 1991, p. 122-123. 39 Ibid., p. 124-125. 40 Lettre à Yvette Billod collection Catherine Rizea-Caillois. À la mi-décembre, il expliquait qu’il avait été mis par erreur dans un régiment d’instruction à Angoulême ». Comme il ne s’était pas présenté, il fut considéré comme déserteur. Le 5 janvier 1940, il révélait qu’il devait rentrer en France pour rejoindre Angoulême le consul a reçu sur moi un ordre de route » et devait partir le 29. Il exprimait son peu de goût pour cela, du fait des ennuis militaires qui l’attendaient. Le 10 janvier, après avoir confié à l’ambassadeur Peyrouton qu’il préférerait rester, il se disait prêt à partir. Mais il avouait que s’il quittait l’Argentine, l’animeraient le regret de n’avoir pas épuisé l’Amérique, la peur de n’être là-bas libre ni matériellement ni intellectuellement [et un] sentiment plus difficile à définir, un peu celui qui dans La Montagne magique fait que les gens se trouvent bien au sanatorium et ne comprennent plus le pays plat ». 41 Lettre à Yvette Billod collection Catherine Rizea-Caillois, inédit. À partir de juillet 1940, il attendit la venue de sa future femme en Argentine. Il fut souvent sans nouvelles d’elle ni de ses parents. Il restait à l’ambassade exclusivement » pour qu’elle vienne plus facilement sans quoi je me serai déjà mis plus que par un coup de téléphone à la disposition des Anglais ». Il envisageait cependant encore de rentrer pour se marier mais, disait-il, s’il s’installe un régime philippéen, je ne m’en sens pas le courage et le goût ». 42 Felgine O., Roger Caillois, op. cit. 43 Médiathèque Valery Larbaud MVL, fonds Caillois, lettre d’Étiemble à Roger Caillois. 44 MVL, fonds Caillois, lettres de Raymond Aron à Roger Caillois. 45 Felgine O., Roger Caillois, op. cit. 46 Arch. MAE, Guerre 1939-1945, Alger CFLN, Argentine, 1292, rapport d’Henri Seyrig. 47 Ibid. 48 Paseyro R., Jules Supervielle, le forçat volontaire, op. cit., p. 193. 49 Soupault Ph., Profils perdus, op. cit. ; Mousli B., Philippe Soupault, Paris, Flammarion, 2010, p. 371. 50 Loyer E., Paris à New York. Intellectuels et artistes français en exil 1940-1947, Paris, Grasset, 2005, p. 99. 51 MVL, fonds Caillois, lettres de Claude Lévi-Strauss à Roger Caillois. 52 MVL, fonds Caillois, lettre d’Henri Seyrig à Roger Caillois, 17 août 1943 Je me suis remué de toutes parts, j’ai causé avec les gens de l’Ecole Libre, avec Ascoli, avec Peyre. De tout cela, rien n’est sorti. » 53 Rolland D., Vichy et la France libre au Mexique guerre, cultures et propagande pendant la Seconde Guerre Mondiale, Paris, L’Harmattan, 1999. 54 MVL, fonds Caillois, lettre d’Agustin Ruano Fournier à Roger Caillois, 7 octobre 1940 Je préfère que ce soit une conférence sur la position de la jeunesse en face du totalitarisme ou son rôle à l’heure actuelle » inédit. 55 MVL, fonds Caillois, lettre de Sara Rey-Alvarez à Roger Caillois, 7 novembre 1940. Ce professeur de philosophie lui écrit notamment Je garderai surtout un impérissable souvenir de celle que vous avez prononcée sous les auspices du Comité pro-Francia Libre, car elle a eu le pouvoir de raffermir en moi-même l’espoir dans le relèvement de la France éternelle sans laquelle notre monde occidental sombrerait bientôt dans l’inanition et les ténèbres spirituelles » inédit. 56 Provocateur, Roger Caillois affirma dans les entretiens de 1971 n’avoir jamais parlé espagnol à Buenos Aires. Voir Felgine O., Roger Caillois, op. cit., p. 211. En fait, sa fille Catherine se souvient qu’il parlait couramment espagnol mais avec un mauvais accent novembre 2012. Il écrivait à Yvette Billod, le 3 avril 1940 Pour l’espagnol, je suis aussi ignorant que vous de la grammaire, mais j’arrive à parler à force d’entendre parler. Au bout de quelques mois, cela va assez bien. Mais naturellement, j’aurais été beaucoup plus vite si je m’étais mis en même temps à apprendre la grammaire. Mais elle est tellement semblable à la grammaire latine qu’on a l’impression qu’on le sait, surtout pour les conjugaisons » collection Catherine Rizea-Caillois, inédit. Jules Supervielle, qui se voulait avant tout poète français, craignait, lui, selon son gendre, que l’usage quotidien [de la langue espagnole ne] gâte son français » Paseyro R., Jules Supervielle, le forçat volontaire, op. cit., p. 186 et confiait J’ai toujours délibérément fermé à l’espagnol mes portes secrètes, celles qui s’ouvrent sur la pensée, l’expression et, disons, l’âme. Si jamais il m’arrive de penser en espagnol, ce n’est que par courtes bouffées. » 57 Saint-John Perse, Correspondance avec Roger Caillois 1942-1975, textes réunis et présentés par Joëlle Gardes Tamine, Paris, Gallimard, 1996, p. 62. 58 Sapiro G., La guerre des écrivains, Paris, Fayard, 1999, p. 640. 59 D’où de sévères et peut-être jubilatoires réactions, notamment aux États-Unis, comme celle de William Phillips, citée par Loyer E., Paris à New York, op. cit., p. 366, à propos de Simone de Beauvoir, de passage dans le pays À certains égards, son ignorance de la littérature américaine reflétait le provincialisme et le chauvinisme des Français qui regardaient le reste du monde comme une colonie intellectuelle de la France. » International A l'heure où la France retire ses troupes d'Afghanistan, un nombre croissant de soldats reviennent de ce conflit atteints de troubles psychiques. L'armée commence tout juste à prendre en charge ces traumatismes. L'un s'est mis à brutaliser ses enfants. L'autre a sauté à la gorge d'un client au supermarché. Un troisième a tenté de se suicider. Pour les soldats français qui rentrent d'Afghanistan, une nouvelle guerre commence. Une bataille de démons, qui détruit les couples et fait imploser les familles. A ce jour, 400 blessés sont suivis pour troubles psychiatriques par le service de santé des armées. C'est le seul chiffre officiel disponible. Mais, admet un porte-parole, il est "sûrement sous-estimé". Et "il va sûrement augmenter". Au total, 60 000 soldats sont passés en Afghanistan depuis 2001. Après 2007, 4 000 y ont été déployés en permanence, dans des combats durs et des situations de stress qui n'avaient pas été observées depuis très longtemps. La mesure des troubles, du simple mal-être au véritable syndrome de stress post-traumatique PTSD fait l'objet d'un débat. Des études françaises récentes ont mesuré une proportion de 7 % de soldats atteints de blessures psychiques. Dans certaines unités combattantes, les chiffres peuvent toutefois monter à 100 %. La prise en compte de plusieurs milliers d'anciens combattants et de leur famille s'annonce comme un redoutable défi social pour les années à venir. Les études américaines menées auprès des vétérans d'Irak et d'Afghanistan ont établi que des éléments augmentaient le risque de PTSD la longueur de la mission six mois pour les Français, un an pour les Américains, la tenue d'un poste de combat proche de l'ennemi, la vue de la mort ou de la blessure d'un camarade, le fait d'avoir été touché dans sa chair. Mais aussi le célibat ou un bas niveau de diplôme. Aux Etats-Unis, 2012 restera comme une année noire le Pentagone a reconnu un niveau jamais atteint de suicides - 270 militaires dans les neuf premiers mois de l'année. L'équilibre financier des assurances militaires est rompu. Pour la première fois dans un conflit, le nombre de suicides a égalé celui de morts au combat 2 000. Des campagnes de sensibilisation ont été lancées, et même des applications iPhone censées aider les anciens combattants. Mais en France, où le phénomène est pourtant expertisé depuis longtemps, le silence règne. La défense a, jusqu'à présent, rechigné à exposer le problème. La prise en charge des traumatismes de guerre est très récente. Il a fallu attendre le bombardement de Bouaké en Côte d'Ivoire en 2004 neuf tués pour que s'impose un soin immédiat des combattants. La mort de dix soldats en 2008 à Uzbin, en Afghanistan, a elle aussi provoqué une prise de conscience. Elle a permis la création du "sas de décompression" de Chypre, sur la route du retour. Le bénéfice de ce séjour de deux jours dans un hôtel, conçu par le service de santé, est unanimement salué. L'accélération du retrait pour la fin 2012 ne permet cependant plus d'y tamiser tous ceux qui rentrent. En 2011, le service de santé a enfin lancé un plan d'action. Début 2012, un bureau central a été créé pour mieux coordonner les services médico-psychologiques des différentes armées. Un livret médical unique commence à être délivréaux soldats. Un numéro vert sera bientôt mis en place pour toucher les anciens engagés volontaires qui connaîtraient des troubles après leur départ de l'armée. Un tout premier colloque, interne, se tiendra sur le sujet les 23 et 24 octobre aux Invalides, clos par le ministre, Jean-Yves Le Drian. Ces outils récents sont loin d'avoir atteint leur but. De nombreuses blessures invisibles passent au travers de ce maillage. A côté des grandes associations dépendant du ministère de la défense, des parents isolés éprouvent le besoin de se regrouper. "Il faut mettre en place un dispositif pour aider les familles", martèle Marlène Peyrutie. Cette mère de soldat, qui a créé l'association Terre et Paix, frappe à toutes les portes de l'Etat. "Les besoins sont croissants", assure Laurent Attar-Bayrou, président de la Fédération des anciens des missions extérieures. "On sent réellement les dégâts de l'Afghanistan", ajoute-t-il. Les contentieux sont nombreux, face aux assurances militaires ou au tribunal des pensions. Ces soldats et leurs proches sont traversés de honte et de colère, tant ils ont cru que la cohésion de l'institution militaire allait les porter jusqu'au bout de l'épreuve. Ils découvrent que la préparation collective à la mission, qui sert d'assurance-vie au groupe pendant le combat, devient un piège individuel. Faillir, c'est s'exclure. Dire, c'est trahir. Les familles que nous avons rencontrées souhaitent toutes, pour l'heure, garder l'anonymat. "Schizophrénie avec troubles hallucinatoires." Le diagnostic a été posé sur Pierre, un mois après son retour d'Afghanistan. Aujourd'hui, à 27 ans, il survit à Brest, dans un appartement qu'il a saccagé au cours de ses crises. L'ancien soldat refuse son traitement. Il s'est persuadé qu'il n'est pas malade. Il a déjà subi trois hospitalisations d'office. "L'Afghanistan, ce fut une partie de plaisir !", a-t-il répondu à l'interne des urgences la dernière fois. C'est un père démuni qui parle de lui. Jacques, 60 ans, assiste impuissant à la chute de son fils. "Vous voyez les anciens du Vietnam il est dans cet état. C'est un jeune qui vit dans un trou à rat. Les voisins sont régulièrement obligés d'appeler la police pour l'hospitaliser." Jacques sait que cette lutte peut durer encore de longues années. "Il a fermé la porte des soins. Il ne veut pas que ses parents soient là." Pierre est rentré en octobre 2008, juste après l'embuscade d'Uzbin, qui a, en août cette année-là, tué dix Français. "Le 8 août, ce midi-là, j'ai reçu le seul appel de mon fils durant ses quatre mois et demi de mission. Il était sur la zone mais il m'a dit de ne pas m'inquiéter. Ils avaient dû avoir des consignes pour nous rassurer", se souvient son père. Pierre adorait son métier de soldat. "Cet enfant n'était pas du genre à se plaindre", et pas trop scolaire. Il s'était engagé en 2006 juste après le bac, faute d'avoir été admis en BTS. Il avait servi au Tchad contre les rebelles soudanais. La mission s'était bien passée. "Il était très content de partir en Afghanistan. Il était boosté à fond", se souvient son père. Plus que toute autre opération extérieure récente, celle-là a inquiété les familles. "Je craignais l'accident tous les jours. J'étais accroché à l'information sur cette guerre. Je pensais bien qu'on était dans une sale guerre avec tous les pièges que cela comporte. Je ne comprenais pas pourquoi mon fils était souriant de partir. Sauf la dernière semaine, où il a réalisé ce qui l'attendait." Aujourd'hui, Jacques ne lui voit "plus trop d'avenir". Il ne veut plus entendre parler de l'Afghanistan. Le père a eu besoin d'aide et a été suivi par un médecin. "Moi aussi, j'ai changé." En revenant, Pierre s'est un peu confié. En Kapisa, il faisait partie d'une unité de reconnaissance. Pour tenir les nuits, les soldats se gavaient de Red Bull. La patrouille a été attaquée. "Les gars ont bien cru qu'ils allaient y passer. Il m'a demandé "Tu sais ce que c'est de faire dans son pantalon ?"" Un deuxième accrochage l'a peu après replongé dans la peur. De cet épisode, il a raconté "On ne savait plus si on était dans un rêve, entre la réalité et la mort." Aujourd'hui, "je pense qu'ils ont été mis sous tension trop longtemps", conclut Jacques. Juste après la "perm'" du retour, alors qu'il commençait un stage à l'école des sous-officiers, ce garçon qui ne téléphonait jamais à son père l'a appelé au secours. Pierre avait des hallucinations, entendait des ordres, des insultes. Les crises, depuis, se sont succédé. Puis le soldat s'est tu. "Ces jeunes n'ont pas envie de s'attaquer à leurs anciens chefs, de mettre l'armée en cause. Ils n'ont pas envie de remuer tout ça." Ce qu'il vit a rappelé à Jacques un souvenir d'enfance. A l'aube des années 1960, il vivait à la ferme. "Des ouvriers agricoles avaient fait l'Indochine. Ma mère me disait de ne pas aller avec eux car ils étaient cinglés." Voici venus ceux d'Afghanistan. Cet ingénieur en retraite se décrit comme "ni pro ni antimilitaire". Simplement "déçu pour ce jeune qui croyait en son boulot". Car, juge-t-il, "l'armée n'assume pas ses fragiles". Avec une invalidité reconnue à 60 %, Pierre se trouve sans droits. Pour les médecins militaires, la maladie était là avant la mission. Pas question de lui accorder une pension. En 2010, il a accepté d'être réformé. Jacques vient d'engager une procédure. "L'armée doit savoir regarder ceux qui ont perdu quelque chose. Qu'on leur rende ce qu'on leur doit." Elle, est une jeune femme positive. Dans six mois, assure-t-elle, il ira mieux. Marie se tient tout près de son soldat de mari, attentive. Lui, dit "Je ne suis pas encore rentré d'Afghanistan. Dans ma tête, je n'ai pas fini ma mission." C'est un grand gaillard de 30 ans aux yeux bleus. A présent, il est barbu. Grégory n'arrive plus à se raser depuis qu'il a quitté Kaboul. Son traumatisme psychologique a été homologué comme une blessure de guerre, les lettres du colonel chef de corps en Afghanistan l'attestent. Mais un obstacle l'empêche d'avancer. L'association de prévoyance militaire lui refuse les garanties promises. Pour elle, nulle blessure il s'agit d'une maladie mentale. "Tu passes du statut de blessé de guerre à celui de fou", résume Marie. Privé de cette reconnaissance, le couple vit dans l'inquiétude. Le sergent est toujours sous contrat. Mais l'armée va-t-elle vraiment le garder dans ses rangs ? Sera-t-il déclaré invalide ? Depuis son retour, tous deux cherchent en vain des réponses à ces questions. Grégory a été rayé des listes de son régiment de Midi-Pyrénées pour être rattaché à une unité administrative, comme le veut la procédure en cas de congé maladie de longue durée. Il n'a plus aucun contact avec l'armée. Le basculement est trop rapide pour celui qui se sent encore appartenir à la communauté militaire. En juillet 2011, ce sergent du génie a été blessé au bras lors d'une attaque de mortier sur un poste de combat avancé, en Surobi, district afghan sous responsabilité tente voisine de la sienne a été pulvérisée. Les attaques survenaient presque toutes les nuits, de 1 heure au lever du jour, un véritable harcèlement. Il s'est vu mort. Il a voulu rester, avec l'accord des médecins. "Physiquement, j'étais apte. J'ai caché la peur. Je n'allais pas laisser tomber mes bonshommes" - les deux soldats spécialistes avec lesquels il avait rejoint la force française en Afghanistan. "Pour lui, c'était déjà un échec d'être blessé. Il avait mal fait quelque chose", a compris son épouse. Un mois après, le sergent a commencé à se sentir mal. Et dès le chemin du retour, les cauchemars ont débuté. Après la permission de fin de mission en décembre, trois petites semaines, le syndrome post-traumatique s'est installé. Le sergent ne dormait plus. Ses nuits se passaient à monter la garde, le regard balayant les pièces de la maison. Marie a fini par le retrouver un matin, prostré. L'équipe médicale du régiment l'a envoyé en urgence à l'hôpital militaire de Bordeaux. Quand on est électricien du génie, on appartient à la "base arrière". Mais en Afghanistan, tous combattent. Jusqu'à la blessure, Marie a vécu de son côté dans une tension terrible. Quand le capitaine l'a appelée, elle a pensé au pire. A la bonne nouvelle, la tension l'a lâchée d'un coup, car, sourit cette fille du Nord, "la foudre ne tombe pas deux fois au même endroit". Mais elle est restée en état de choc durant quinze jours. "Je ne savais même plus faire à manger." Ces dernières années, il était parti en mission dix mois sur douze. Pour leur fils cadet, Oscar, son père travaillait dans un train, celui par lequel il arrivait et repartait le week-end. Avec l'Afghanistan, il a compris qu'un militaire, c'était la guerre. "Il est totalement imprégné. Il lui a dit "Papa, si tu retournes au travail, tu vas être mort"", raconte sa mère. Durant ce funeste été 2011, qui fut meurtrier pour les troupes françaises, Marie a reçu deux visites du régiment. Depuis, rien. Tous deux ont "le sentiment d'être devenus un boulet, comme s'il fallait nous cacher". Des dix-huit soldats présents ce jour de juillet sur le poste attaqué de Surobi, seuls trois n'ont pas été décorés Grégory et ses deux "bonshommes". Au régiment, duquel ils ne furent que trois à partir sur cette mission afghane, la blessure de Grégory n'a laissé aucune trace. C'est un nouvel infirmier, après plusieurs mois, qui a reconstitué le dossier de A à Z pour aider la famille. Grâce à lui, Marie et ses deux enfants se rendent une fois par mois à Toulouse pour consulter un psychologue. "On était envahi par tout ça, on se serait laissé enfoncer s'il n'y avait pas eu cette aide." La jeune femme a passé des journées sur Internet pour trouver les bons services du ministère et connaître ses droits. Elle a renoncé à chercher une logique dans cette bureaucratie, avant d'écrire au président de la République. D'un coup, face à l'armée, "il n'y a plus rien d'humain du tout. Tout devient froid et glacial". Le sergent ne sort guère de chez lui. Il n'arrive pas à prévoir d'activités. Les semaines d'hospitalisation sont encore régulières. "J'étais actif. Je ne suis plus rien." Marie doit encore, parfois, le sortir de sa tente afghane. Récemment, il a braqué sa femme avec une arme imaginaire. Lors du dernier orage, il s'est plaqué au sol le long du lit. "Maintenant je sais intervenir", dit-elle. S'il ne l'avait pas, se demande-t-il, où serait-il aujourd'hui ? "Elle m'a aidé à rester dans la réalité." Le couple cherche d'autres soldats traumatisés. Grégory a besoin de partager son expérience. "On vous conditionne avec "les frères d'armes". Aujourd'hui, les seuls que je pourrais trouver sont ceux qui sont dans la même situation." En parlant à un camarade, il s'est rendu compte avec stupéfaction qu'ils avaient fait ce même cauchemar quand les envies de suicide sont là, "on rêve qu'on se pend au mât du régiment". Son mari a progressé vite et bien, depuis qu'il a signé son contrat en 2005. Il avait déjà projeté de passer de nouvelles qualifications. Il souhaite rester dans l'armée. Marie l'encourage. Ce ne fut pas une déception, mais de la peur, que Josyane a ressentie quand son fils Bertrand lui a dit qu'il quittait son travail de vendeur de voiture pour s'engager. "J'avais des gens proches qui ont fait la guerre d'Algérie et je sais comment ils sont revenus", dit-elle. Le recruteur de l'armée avait assuré que son régiment n'était pas de ceux qui partaient en opérations de guerre. Il en est allé autrement après l'école des sous-officiers de Saint-Maixent Deux-Sèvres, d'où Bertrand est sorti avec les félicitations. En 2001, il part en Guyane. Puis c'est l'Afrique, deux fois, à la frontière du Liberia et en Côte d'Ivoire. Ces événements le hantent encore, la nuit. Pour le sergent, "l'Afgha" est arrivé en juin 2006. "La mission de trop", dit cette mère de 63 ans, qui parle sans pouvoir s'interrompre. Son enfant, son fils, est gravement handicapé après une tentative de suicide. En Afghanistan, il s'est senti mal tout de suite. Un matin, à 5 heures, Bertrand a appelé ses parents, en pleine crise confusionnelle "Sauve-moi. Je veux aller chercher mes hommes. Je ne les trouve pas. Je suis tout seul." Il n'a pas été "rapatrié sanitaire". Quand il est rentré en novembre 2006, il ne dormait plus depuis quatre mois et avait perdu 10 kg. Au retour, cependant, il n'a pas été pas pris en charge ; le régiment a aménagé son poste. Son dossier médical est resté vide. La première tentative de suicide s'est produite trois mois plus tard. Bertrand s'est pendu dans la chambre de son régiment, dans le centre de la France. La deuxième tentative a eu lieu chez des amis quelques jours après. Le coma, cette fois, a laissé des séquelles profondes. "Quand cela vous arrive, vous êtes tellement anéanti que vous ne pensez qu'à sauver ce qui reste. Mon fils en morceaux ! On n'a pas le temps d'en vouloir à quelqu'un. On est anéanti pour des mois, des années." Bertrand a été radié après douze ans d'armée. Depuis sa sortie d'hôpital, en juillet 2007, la maison bretonne de ses parents est toute tournée vers le jeune homme. Kiné, orthophoniste, psychiatre, psychologue... le couple s'est épuisé dans les soins. Yves et Josyane ont abandonné tous leurs projets de jeunes retraités. Ils se sont relayés nuit et jour pendant des mois à son chevet. Parfois, ils ont dû l'attacher tant les cauchemars étaient puissants. Le diagnostic du syndrome post-traumatique a été posé par un médecin civil. Les services de la défense n'ont pas voulu imputer la blessure au service. Pourtant les expertises concordent. La famille est en procès devant le tribunal des pensions militaires. Bertrand, 38 ans, ne peut se concentrer ni sortir seul. Il marche à petits pas, en se retournant sans cesse, perd l'équilibre. Les bruits lui rappellent les tirs. "Il pleure encore, avec de tout petits cris, tout revient alors dans ces moments." Sa mère ne réclame pas des millions. "Il faut le protéger. Il a besoin d'une vie très calme. Qu'on la lui accorde, pour le jour où nous ne serons plus là." Son fils a gardé sa mémoire ancienne. Il pleure dès qu'il entend La Marseillaise. Il demande à reprendre le sport. Lui qui tient à peine debout, a dévalé une pente à ski, comme il aimait à le faire, à Briançon avec l'armée. Nathalie Guibert Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe. Qui a écrit la Marseillaise quand et pourquoi ? Claude Joseph Rouget de Lisle Claude Joseph Rouget de Lisle, capitaine du génie en garnison à Strasbourg, écrit à la demande de Frédéric de Dietrich, maire de la ville, le Chant de guerre pour l’armée du Rhin, le 25 avril 1792, peu après la déclaration de guerre de la France révolutionnaire au Roi de Bohême et de Hongrie. Pourquoi on l’appelle la Marseillaise ? En juillet de la même année, des troupes venues de Marseille entrent dans Paris, et chantent à pleine voix le Chant de guerre pour l’armée du Rhin. Les Parisiens n’en connaissent pas le nom, mais savent qui le chantent des Marseillais . La Marseillaise était baptisée, et deviendra hymne national le 14 juillet 1795. Quels sont les vrais paroles de la Marseillaise ? Couplet souvent seul retenu aujourd’hui après le premier Amour sacré de la Patrie Conduis, soutiens nos bras vengeurs Liberté, Liberté chérie, Combats avec tes défenseurs ! bis Sous nos drapeaux, que la victoire Accoure à tes mâles accents, Que tes ennemis expirants Voient ton triomphe et notre gloire ! Pourquoi la Marseillaise a été interdite ? Ils chantent ce chant de marche lorsqu’ils entrent dans Paris le 30 juillet. La foule est enthousiaste et le baptise alors Le Chant des Marseillais puis La Marseillaise . Un 7e couplet le couplet aux enfants» est alors ajouté, un 8e couplet, jugé trop religieux, est supprimé en 1792 par le ministre de la Guerre. Où a été écrite la Marseillaise ? Dans la nuit du 25 au 26 avril 1792, à la suite de la déclaration de guerre du roi d’Autriche, il composa chez le maire de Strasbourg, dénommé Dietrich, un morceau qu’il intitula Chant de guerre pour l’armée du Rhin ». Quel est l’autre nom de la Marseillaise ? Elle porte initialement différents noms , tous éphémères Chant de guerre pour l’armée du Rhin ; Chant de marche des volontaires de l’armée du Rhin. Pourquoi l’hymne national Français Porte-t-il ce titre ? Toutes les armées révolutionnaires se mettent donc à chanter ce chant de guerre. Et en particulier des troupes venues de Marseille pour renforcer les unités locales, qui chantent avec encore plus d’enthousiasme en arrivant à Paris. C’est donc grâce à ces soldats Marseillais qu’ on a donné ce nom à ce chant. Comment s’appelle la Marseillaise au moment de sa création ? Comment s’appelait la Marseillaise au moment de sa création par Rouget de Lisle ? Le Chant de guerre pour l’armée du Rhin. Quelle est la différence entre un hymne et une hymne ? Il peut être féminin Hymne est féminin lorsqu’il désigne un chant solennel qui fait partie de l’office ou accompagne certaines processions dans l’Église latine et les Églises d’Orient. Les hymnes sont des chants ou des poèmes composés en l’honneur de Dieu, de la Vierge Marie ou de Saints. Qui est le sang impur de la Marseillaise ? Et les sillons sont des tranchées creusées un peu partout dans la campagne et les champs, lors des sanglantes batailles. Ainsi, Qu un sang impur abreuve nos sillons » signifie donc que c’ est notre Sang impur » à NOUS, le peuple, qui nourrira nos terres. Qui sont les despotes sanguinaires dans la Marseillaise ? Les ennemis véritables des citoyens libres sont les despotes sanguinaires ». Ce ne sont pas leurs soldats, qui ne sont eux-mêmes que de tristes victimes » de la barbarie de leurs maîtres. La Marseillaise » prescrit donc de venger les morts avec détermination, mais aussi avec discernement. Comment sont appelés les combattants Français dans la Marseillaise ? Mais sachez qu’entre 1914 et 1918, personne n’appelait ces soldats les Poilus’. Eux-mêmes se surnommaient les hommes’. Un poilu’, à l’époque, et même bien avant, désignait un homme courageux. Molière, dans Les précieuses ridicules, utilise l’expression être un brave à trois poils’.

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